Bright Light Bright Light est cet OVNI de la pop, dont je suis fan. Fort d’une esthétique chatoyante, de sons rétro, et d’une sentimentalité fabuleuse, il nous a conquis. L’artiste était venu à Paris, à la Boule Noire, pour promouvoir son nouvel EP, Tough Love.
Un cadeau aux fans
Arrivé sur les lieux, l’ambiance chaleureuse de la salle est soutenue par une musique jazz, aux allures blues, qui n’est pas forcément adaptée au registre de Bright Light Bright Light. De part et d’autre de la salle, des bancs de bois se font face. Le public arrive au compte-goutte, et prend place, assis. Fan de l’artiste, je vous avais parlé de lui précédemment dans un article découverte. Je me demande aussi si la salle va se remplir, et si les gens vont finir par se lever.
Quelques jours auparavant, Rod avait annoncé sur les réseaux sociaux que son show parisien serait scindé en deux concerts. Le premier étant ainsi constitué exclusivement de reprises au piano de ses chansons, tandis que le second serait le spectacle à proprement parler. Il a de ce fait pris les demandes qui lui ont été faites pour les interpréter, seul, face à son piano.
Un moment d’émotion
Les lumières s’atténuent alors pour laisser place au chanteur, qui arrive dans la foulée et prend place. Francophone, il entame donc la discussion, la voix quelque peu hésitante, avant que le public ne le fasse se sentir pleinement en confiance. Amoureux de Paris, il annonce avoir publié son tout premier album destiné exclusivement au marché français, avec une version française de Symmetry Of Two Hearts, intitulée Nos Cœurs Symétriques, parue quelques mois auparavant déjà en single.
L‘assemblée plonge dès lors dans un silence quasi-religieux. Le chanteur, quant à lui, entame un set qui durera une heure. Fidèle à son registre, les textes sont empreints d’amour, de regrets, parfois d’espoir, mais toujours d’une poésie sans pareille. L’occasion, également, pour les fans plus récents et les curieux, de découvrir une facette nouvelle de cet artiste, qui ne joue parfois pas des titres datant de son tout premier album. Rod joue donc entre autres Immature, Love Part II, mais aussi des titres plus récents, dont Make Up Your Mind et Careful Whisper. Un bonheur ! Je redécouvre des titres que je n’avais pas écoutés depuis longtemps, sous un autre angle, et peux me concentrer sur la poésie qui fait leur valeur, et en garder le meilleur. Le public applaudit à chaque morceau encore plus, pour aboutir sur une salve finale riche.
Place au show !
Pour l’artiste, un quart de pause est nécessaire ! Le temps de se changer, ils sont de retour. David, son batteur, Jay, au synthé, et Rod, sont accordés. Tout de pois habillés, ils sont en harmonie avec la couverture de Tough Love. Les couleurs sont effectivement fidèles aux visuels que Bright Light Bright Light établit dans ses clips musicaux : les couleurs néon sont omniprésentes, et plongent la Boule Noire dans une ambiance toute particulière.
Le concert démarre donc sur Good Luck. La pop que nous aimons tant arrive à grands renforts de synthés et de percussions, qui apportent à leur manière une profondeur résolument nouvelle aux morceaux. Il est à noter que la plupart de ses morceaux gravitent autour d’un thème majeur : l’amour. Et Good Luck n’y échappe pas. Autour de la séparation, des remords et de l’au-revoir, la chanson pourrait sembler triste. Mais c’est sans compter sur les prestations scéniques de Rod, absolument hors du commun. Il suffit que l’artiste ajoute une touche de confiance en soi, de je-m’en-foutisme, et surtout de fierté, pour que le sens change radicalement !
Une discographie complète
Bright Light Bright Light a une discographie plus que riche. Et ce concert fut l’occasion pour lui de redonner vie à des morceaux issus de ses précédents EPs, albums et singles, pour mon plus grand bonheur. S’en suit donc Tough Love, publiée quelques semaines au préalable, qui, dénuée de certains effets vocaux, rendait mieux selon moi en live ! Morceau euphorique, il s’inscrit dans la même lignée que le précédent. Il s’agit ainsi de ne plus se faire reléguer au second rang, et de prendre conscience de l’importance que l’on a, en tant que personne, et de notre valeur. Un boost de confiance en soi bienvenu.
Rod aime parler, et se plait à nous raconter des anecdotes concernant chacun de ses morceaux entre deux interprétations. J’apprends donc que, contrairement à ce que j’avais compris de mon morceau préféré, In Your Care, il ne s’agit pas de relations amoureuses à distance, mais plutôt de relations amicales. Les premières notes s’élancent donc dans les airs, pour nous plonger dans une bulle où plus rien ne compte. Puis vient au tour de Moves, issu de son premier album Make Me Believe In Hope. Ainsi, les fans de ses albums, qu’ils soient parus au début de sa carrière ou plus récemment, auront été gâtés. Rod s’en donne à cœur joie, et les morceaux qu’il interprète reflètent à merveille les différentes facettes de sa musique.
Une prestation pop intégrale
L‘artiste, tout au long de son concert, tout comme durant sa carrière, n’aura cessé de nous conter des anecdotes, et nous expliquer quelle influence la pop culture aura eue sur sa musique, et son processus artistique. Ainsi, fort de cet héritage, il a une présence scénique à l’image de celles et ceux qui l’auront inspiré. Danse, chorégraphies, gestuelle… Il semble, au fil des années, s’être imprégné de cette imagerie et prestance pop pour en livrer une version revisitée, qu’il s’est appropriée. Pour notre plus grand bonheur, nous semblons faire face à un chanteur pop d’une bien plus grande envergure, dans l’intimité d’une Boule Noire qui brille de mille feux.
Les morceaux se suivent donc, ne se ressemblent pas, mais fédèrent tout autant. Entre clavier, saxophone et son, Rod ne s’arrête pas. Il passe de l’un à l’autre allègrement, pour notre plus grand plaisir. L’ambiance monte, et à l’image des spectacles pop plus mainstream, on se figure un final qui s’annonce grandiose. Son album Choreography illustre parfaitement cette dimension pop de l’artiste, et les versions jouées en live de Kiss for Kiss, Little Bit et Running Back To You donnent une dimension d’autant plus dramatique et spectaculaire à un concert déjà extrêmement positif et plaisant.
À l’instar des chanteurs et chanteuses pop des générations précédentes, Bright Light Bright Light aura su nous convier à un spectacle total, durant lequel nous aurons laissé tous nos soucis à la porte, pour nous plonger véritablement dans les histoires que nous raconte l’artiste. Ainsi, le final, constitué de All In The Name, originellement en duo avec Elton John, marque l’apothéose de cette parenthèse pop ultime. On en sort profondément heureux, et on a déjà hâte de le revoir.
Setlist:
Good Luck
Tough Love
In Your Care
Moves
Symmetry of Two Hearts
Cry At Films
Uh Huh!
Kiss For Kiss
Little Bit
How I Feel
An Open Heart
Running Back To You
—
All In The Name