Vous avez probablement entendu parler de Call Me By Your Name. Vous l’avez même peut-être vu. Et pour cause, nominé et récompensé aux Oscars, le film est troublant à plus d’un égard. Notamment pour sa bande originale. Un article garanti 100% sans spoiler.
Titre | Call Me By Your Name |
Compositeurs | Gerry Gershman et Robin Urdang |
Acteurs | Timothée Chalamet, Armie Hammer, Michael Stuhlbarg, Amira Casar |
Diffusion | Sony Pictures Classic |
Genre | Drame romantique |
Nationalité | Italie, États-Unis, Brésil, France |
Format | 132 min |
Durée Bande Originale (17 titres) | 77:17 min |
Call My By Your Name, and I’ll call you by mine
En France, le film a rencontré un joli succès, avec plus de 100.000 entrées la semaine de sa sortie en salles. Et les critiques l’encensent, en France comme à l’étranger. Il faut dire que l’histoire de Call Me By Your Name, que nous appellerons CMBYN, est aussi originale qu’universelle, voire même intemporelle. Histoires d’amours plurielles, histoire d’adolescences bouleversées, histoires de sexualités, et découverte intérieure, CMBYN est une introspective, et même une invitation à découvrir des personnages aussi dévorés de passion que de rage.
Call Me By Your Name a lieu dans les années 1980, en Italie. Elio, adolescent de 17 ans, y passe des vacances avec sa famille. Ainsi, féru de musique classique, il passe ses journées accoudé au piano, sur des feuilles de musique, et sort, comme un ado lambda, voir ses amis. Mais, lorsque débarque Oliver, ami de son père, tout change. À une époque où l’homosexualité n’est pas aussi ouvertement abordée, qui plus est dans une Italie conservatrice, et où le quotidien semble réglé comme une horloge, que faire ? Pour soutenir cette histoire, une bande originale aussi surprenante que touchante, où rien ne dérange, et tout excite.
Une bande originale classique, voire expérimentale
La bande originale de Call Me By Your Name ne laisse pas de marbre. Soutenue par des morceaux originaux de Sufjan Stevens, les mélodies nous transportent, et nous font ressentir avec justesse les épreuves et émotions que traversent les personnages. Pour mieux comprendre mon propos, je vous invite à regarder la bande annonce, si vous n’avez pas vu le film. D’une sensibilité rare, les morceaux qui figurent sur cette bande originale sont variés.
Ainsi, transportés dans une Italie rurale d’une autre époque, le film s’ouvre sur la superbe Halleluajah Junction de John Adams. Les titres classiques sont nombreux, aussi légers que peut l’être un été où l’adolescence laisse libre cours à ses amourettes, aux jeux les plus anodins, et où elle ne se soucie guère plus de ce qui l’attend. On retrouve ainsi M.A.Y. in the Backyard de Ryuichi Sakamoto, son remarquable Germination, deux sons aussi intriguants qu’expérimentaux, et encore la Sonatine Bureaucratique de Frank Glazer.
Une bardée de titres pop de l’époque
Néanmoins, bien qu’ancré dans une bulle où la musique classique prévaut, Elio est de son époque. Et la musique pop continue de se développer, en Italie comme en Europe, avec des tubes aussi iconiques qu’aujourd’hui désuets. La bande originale fait la part belle aux morceaux d’époque, et nous plongent dans un univers définitivement rétro, à un temps où les choses semblaient plus simples. L’illusion d’un temps différent, plutôt.
Dès lors, quoi de plus représentatif de l’époque qu’un bar où jouent aux cartes de vieux hommes tandis que Loredana Bertè chantonne à tue-tête J’adore Venise ? Puis des flashbacks émotionnels sur cette même chanson. Quoi de plus niais qu’un slow où les hauts-parleurs crachent Lady Lady Lady de Giorgio Moroder et Joe Esposito ? Quoi de plus cliché qu’un plan érotique sur Words de F.R. David ?
Les morceaux choisis semblent s’inscrire si naturellement dans le discours, soutenir avec une telle justesse les propos et émotions véhiculés qu’ils ne font que renforcer le sentiment général d’une symbiose absolue entre musique et images. À écouter la bande originale, on se figure un film où la musique est omniprésente. Mais ce serait s’y méprendre. Elle se marie habilement à des silences, où seuls les bruits ambiants règnent, pour exister de manière simple, sans devenir envahissante. À écouter à l’envi, pour des moments calmes, reposants, ou des moments plus agités, pour faire un bond dans le passé. Et un film que je ne cesserai de recommander, tant l’universalité de l’Amour qu’il dépeint est touchante.
Note : 5/5
Une bande originale à écouter sans cesse, quelle que soit l’humeur.