Début Septembre, paraissait le 4ème album studio Heart That Strains du jeune talent Jake Bugg. Plébiscité par les critiques, elles vantaient le retour aux sources de « l’enfant prodige du folk », comme beaucoup le surnommaient à ses débuts. Pour promouvoir dans toute sa beauté ce dernier opus, le gamin de Nottingham a décidé d’emprunter les routes Européennes pour une tournée intimiste 100% acoustique. Nous avions donc rendez vous le 25 Octobre dernier à l’Alhambra pour une soirée pleine en émotions.
Nottingham et ses talents a l’honneur
Après notre étonnement suite à la découverte de la configuration assise de la salle, nous décidons de nous installer au premier rang du balcon, histoire de profiter au maximum du spectacle de ce soir. Il nous faudra patienter encore quelques instants avant d’accueillir Jake Bugg sur scène. En effet, avant d’applaudir le jeune homme, nous faisons la connaissance d’un autre talent, venue elle aussi de Nottingham, Georgie. Accompagnée d’une guitare sèche et de sa voix rauque, la jeune femme nous fait découvrir ses compositions acoustiques et teintées de soul, parlant évidemment d’amour et de cœurs brisés. On comprend mieux pourquoi Jake l’a choisie pour l’accompagner sur les routes, les deux artistes partageant le même univers artistique. Semblant très stressée au début de sa performance, Georgie se libère au fur et à mesure des ses chansons, sous les applaudissements chaleureux du public. Ce dernier paraît sous le charme des talents de compositrice et de guitariste de la jeune femme.
Un court entracte de 20 minutes s’installe, afin de finaliser la disposition de la scène et régler les derniers détails. Le maître mot de la scénographie de ce soir est en osmose avec son artiste : la simplicité. On retrouve un large tapis persan, sur lequel trône en son centre un pied de micro et une chaise. 3 guitares sèches entourent cette dernière. Tout autour des spots, avec pour mission de mettre en lumière le jeune homme que tout le monde attend impatiemment.
Simplicité et émotion ; maîtres mots de la soirée
Quelques instants plus tard, on aperçoit enfin la silhouette de Jake franchir les épais rideaux noirs qui délimitent la scène. Tout de noir vêtu, il salue humblement l’audience avant de prendre place sur le siège à disposition. Aussitôt sa guitare posée sur ses genoux, il entame le très bon Hearts That Strain, extrait de son dernier album. Après quelques mots, il nous avoue être assez nerveux ce soir, première date de cette tournée et de jouer pour nous dans un cadre aussi intimiste. S’enchaînent alors nouvelles compositions et anciens succès du jeune homme. Simple As This, suivie de Trouble Town font raviver ses fans des premiers instants. How Soon The Dawn et Me and You nous donnent des envies de voyage au fin fond du Tennessee.
Tout au long de cette setlist (près de 20 titres y figurent), Jake Bugg jouera avec nos émotions. Il faut dire que le garçon a le don de nous transporter d’un état à l’autre en quelques accords. Des titres mélancoliques et déchirants tels que Slide contrastent avec des compositions dynamiques et percutantes comme notamment There’s A Beast And We All Feed It. On passe du sourire niais aux larmes, tout en se dandinant sur son siège en battant le rythme du bout du pied. Il y a une facilité chez ce garçon à retransmettre au travers de sa voix toutes les émotions émanant de ses textes. Communiquer grâce la musique; c’est exactement le talent premier de Jake. Et on sait qu’il n’est pas friand de grands discours.
Une setlist variée et bien garnie
En plus de titres issus des ses quatre albums, Jake nous offrira ce soir une chanson totalement inédite ; Nevermind. Elle nous serrera un peu plus la gorge, tout en regrettant que le jeune homme n’ait jamais eu le courage de l’enregistrer. On aura également droit à une cover de Just This One Time de Glen Campbell, et Good Time Charlie’s Got The Blues de Danny O’Keefe, l’artiste décidant de nous faire partager son univers musical.
A l’annonce de Broken, vers les trois quart du set, une vague d’applaudissements et d’approbation émane de l’audience. Dès les premières notes de guitare, qu’il manie délicatement pour que chaque son retentisse, des frissons nous remontent l’échine. Jake Bugg prend le temps de ralentir le tempo, marquer des pauses dans le texte, et appuyer chaque mot prononcé, afin que les paroles résonnent dans notre cage thoracique. Les plus sensibles auront du mal à retenir les larmes venant picoter le coin des yeux. L’émotion est palpable aux quatre coins de la salle, mais également sur scène. Le jeune homme s’époumone tout en fermant intensément les yeux ; ne laissant évidemment personne insensible.
Un jeune homme émotif et communicatif
On connait le personnage un brin timide et très peu communicatif, mais c’est un autre homme que nous avons face à nous ce soir. Plutôt d’humeur bavarde, probablement du aux gins tonic qu’il s’enfilera tout au long de la soirée, Jake Bugg agrémente ces morceaux d’anecdotes et d’explications sur leur composition ou le choix de leur place dans la setlist. Plusieurs fois, il répétera qu’il apprécie énormément cette configuration, et qu’il prend un énorme plaisir à jouer devant nous ce soir. On le sent sincère. Il en vient même a esquisser quelques sourires discrets.
Il nous demandera même ce qu’on pense des arrangements acoustiques de tel ou tel titres. Il prend même la décision de laisser le public choisir la prochaine chanson. Ce sera Two Fingers, scandé par un monsieur du premier rang. Le public est enthousiaste, Jake semble l’être un peu moins (il nous avouera détester cette chanson) mais s’exécute à la perfection. L’audience applaudit en rythme, murmure les paroles ; personne n’ose perturber ce moment.
Malheureusement, même si Jake nous avoue qu’il aimerait bien jouer « All Night Long » pour nous ce soir, toutes les bonnes choses ont une fin, et celle ci retentit avec le titre Lightning Bolt. Pour une dernière fois ce soir-là, les mains s’accolent, les corps se balancent et les voix se font entendre un peu plus fort. Chacun tente de profiter de ce dernier instant de magie comme il se doit. Au dernier accord de guitare, le jeune homme se lève de son siège, et le public de l’Alhambra le suivra pour l’acclamer. C’est sans rappel que les spectateurs quitteront la salle ce soir-là, mais avec le sourire aux lèvres et des étoiles dans les yeux.
Setlist
Hearts That Strain
Saffron
How Soon The Dawn
Strange Creatures
Slide
Simple As This
Trouble Town
Southern Rain
Nevermind
Me And You
Just This One Time (Glenn Campbell cover)
There’s A Beast And We All Feed It
Slumville Sunrise
Broken
Good Time Charlie’s Got The Blues (Danny O’Keefe cover)
In The Event Of My Demise
The Love We’re Hoping For
Two Fingers
Waiting
Lightning Bolt