Le rock instinctif de Rival Sons a pris la place de La Sirène pour attirer Ulysse et ses rockeurs. Retour sur un concert surprenant nous ramenant à nos origines sauvages.
La Sirène hypnotisée par le rock n’ roll féroce de Rival Sons
Les grognements et aboiements d’un chien retentissent. On entend des halètements, un coeur battre de plus en plus vite. Comme un retour au tout début, à l’origine, à la vie. La couverture du nouvel album de Rival Sons, Feral Roots (en français « les racines sauvages ») montre une chienne gisante sur le sol, non pas morte mais comme en train d’allaiter la nature. Une allégorie qui semble illustrer une redevance à la Nature, afin de lui permettre de reprendre ce qui lui appartient ou tout simplement rendre la pareille après le don de la vie qu’elle nous a octroyé. Mes recherches me ramèneront à Martin Wittfooth, peintre de la toile Wildmother dont le groupe a extrait une partie pour l’artwork de l’album.
La salle est comble ce soir à La Sirène et est remplie de rockers aux vestes en cuir ou t-shirts de vieux groupes ou du Hellfest. Dans l’obscurité, le rideau de fond de scène montre un squelette avec le coeur battant d’où les bruits proviennent. Il reprend doucement vie. Il reprend de la couleur. S’ajoutent à cela des bruits de la Nature se traduisant par des sons de feuilles et de vent, qui viennent entourer le spectateur et l’insérer dans la couverture de l’album dévoilée.
Back in The Woods nous ouvre les portes de la Nature qui a contribué à la création du nouvel essai de Rival Sons. C’est un retour aux sources sur le papier et sur le terrain, car le chanteur Jay Buchagan et le guitariste Scott Holiday se sont enfermés dans une cabane dans les bois dans le Tennessee pendant une semaine pour composer quelques futurs titres de l’album. Est né de ces retrouvailles le premier set de chansons de l’opus (Do Your Worst, Feral Roots, Back In The Woods, Sugar To The Bone). Un tel processus se ressent dans cet album qui prône la nature sauvage et originelle du Monde. Sugar To The Bonde suit par ailleurs avant de faire place à Pressure and Time, single éponyme de leur second album.
Une musique crue et sans filtre
Le rock est direct et la sauce « gros riffs de guitare saturées » made in Rival Sons fonctionne très bien. Au point où l’on se demande s’ils ont encore pondu un énième album de rock sans grande difficulté et qui reprend seulement les bons filons. Ce n’est pas le cas avec Feral Roots qui de par son intellectualisation et naturalisme invite l’auditeur à aller plus loin dans la réflexion. On se rend compte dans des chansons telles que Feral Roots, All Directions ou encore Shooting Stars que Rival Sons va bien au-delà du simple rock n’ roll. C’est plus haut, plus profond, plus grandiose même.
Electric Man suit et le public continue à s’enflammer et à chanter voir crier avec Jay sur quelques parties. Le groupe calme le jeu avec Jordan, issu de leur troisième album Head Down. Une balade douce et sur laquelle Jay Buchagan déploie une technique vocale impressionnante, capable d’enchaîner des titres plus fougueux et des plus lents sur lesquels la tenue des notes est importante. Vient par la suite le titre éponyme du nouvel album, Feral Roots, qui fait reprendre du rythme au concert et illustre parfaitement le message véhiculé.
Être capable de prendre du recul et réfléchir sur nous-mêmes
En effet, l’opus semble être une réponse à la société consumériste et technologique qui nous entoure. Au point de dire que les gens sont « domestiqués » et qu’un retour en grâce à la nature est parfois nécessaire pour retrouver nos origines et retrouver nos valeurs. Dans l’album, cela se traduit par un son plus cru, impulsif et instinctif qui naît de l’animal. Rival Sons sont des mecs enragés aux crocs acérés qui balancent à l’audience un rock dur qui parfois frôle le metal ou le punk. Là, on est dans du concret. C’est intense, c’est hargneux. Sur scène, Jay Buchagan semble transporté par la musique déployée par ses camarades et délivre sous les yeux ébahis de l’audience des vocalises des plus surprenantes, allant de l’aigu au plus grave. Robert Plant n’est jamais bien loin…
Le rythme est relancé avec Torture. Stood by Me et Imperial Joy suivent, tous deux issus du nouvel album. Un autre single du groupe fait crier l’assemblée, Open My Eyes, mais c’est plus particulièrement All Directions qui me restera en mémoire. Scott Holliday revêt une guitare double-manche et exécute de jolis solos bien que préparés. Mais ce qui est très plaisant dans cette chanson, c’est le break qui vient casser la langueur du titre pour la transformer dans les dernières secondes en un beaucoup plus rock et épique avec des choeurs très gospel. C’est définitivement l’un de mes titres favoris de Feral Roots. On sent que le concert touche bientôt à sa fin et Look Away et End of Forever introduisent Do Your Worst, l’un des singles du nouvel album. Cela semble être un très bon titre pour clôturer le concert mais l’audience va rapidement en redemander dès la fin de la chanson.
Après quelques minutes d’acclamations et de fake end, c’est dans une ambiance nocturne et religieuse que les choeurs de Shooting Stars se font entendre. Cette chanson aux influences très gospel nous emporte vers les cieux et introduit l’apothéose du concert qui atteindra son summum avec Keep On Swinging. Ultimes minutes durant lesquelles Jay Buchagan abat ses cartes vocales et les guitares se déchaînent. Sous les acclamations du public qui semblent interminables, le frontman s’écrie : « We’re Rival Sons, and we play rock n’ roll!« . Oui, c’était bien Rival Sons et c’était bien du rock n’ roll comme on aime.
Rival Sons sera de retour à Paris et à Bordeaux l’automne prochain à l’Olympia et le Rocher de Palmer respectivement les 9 et 10 novembre 2019. A ne surtout pas manquer si vous êtes férus du groupe et tout simplement du rock.
Setlist
Pressure and Time
Electric Man