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Sam Fender à Ally Pally: la reconnaissance du héros national.7 min de lecture

par Jennifer

Il est 16h30 et il fait nuit noire à Londres. Je marche en direction d’une salle mythique de la capitale anglaise qui s’avère être proche de chez moi. Alexandra Palace est un lieu à part : ces airs de château-église sur les hauteurs pas loin de Muswell Hill et sa vue imprenable de Londres en font un endroit unique.

J’y arrive en apercevant une petite foule de fans attendant déjà plusieurs heures l’ouverture des portes dans le froid. J’ai juste le temps de m’acheter un t-shirt à l’effigie de l’artiste que je vais voir ce soir avant de retrouver un collègue. Ce n’est pas la première fois que j’assiste à un show de cet artiste et il s’avère que j’ai parlé de lui déjà plusieurs fois sur Dust of Music. Ceux qui me connaissent savent déjà de qui je parle : Sam Fender. Il s’agit du premier ‘gros’ concert que je fais à Londres et qui plus est à Ally Pally. Quoi de mieux que de découvrir cette superbe salle en assistant à un concert d’un de mes artistes favoris ? Après avoir pris des forces avec plusieurs pintes de bière, nous nous dirigeons vers l’espace scène. Le concert débute un peu avant 20 heures avec la première partie assurée par Gang of Youths. Le groupe australien emmené par David Le’aupepe assure et chauffe le public avec un bon pop-rock.

Vient le tour de celui qu’on attend tous. Sur la marche impériale de Star Wars, Sam Fender débarque avec ses musiciens, un sabre lumineux rouge à la main tel Dark Vador. Il est accompagné de Chewbaca et d’un storm trooper, dont je saurai plus tard sont interprétés par deux fans de longue date de l’artiste. Drew Michael s’installe à la batterie et entame le rythme très reconnaissable de Will We Talk, single du premier album de Fender.

Il est certain que l’ambiance est toute autre au Royaume-Uni. Sam Fender, dont l’excellent deuxième album sorti en octobre dernier a leadé les charts la semaine de sa sortie, est un héros national. Endossant un rôle similaire à Bruce Springsteen pour la working-class, Sam Fender a su gagner les cœurs en racontant les tribulations des anglais du Nord. Aujourd’hui, Fender est une figure du paysage rock britannique à la fanbase établie.

Le groupe enchaîne avec Getting Started, second titre de l’album Seventeen Going Under. Dans la lignée du titre éponyme, cette chanson relate les difficultés de Fender plus jeune et la fibromyalgie de sa mère. Malgré le ton dramatique, le titre reste très entraînant live.

Les lumières s’assombrissent dans des tons bleutés et Sam prend la parole pour inviter sur scène Rachel Chinouriri, amie de l’artiste venue pour faire les harmonies sur Dead Boys. Le temps semble toujours s’arrêter pour ce titre particulier. Émotionnellement puissant, on ne reste jamais de marbre aux paroles de Fender dénonçant le terrible fléau des suicides masculins à North Shields.

L’atmosphère s’apaise avec All Is On My Side qui ramène un peu d’amour et de sensualité. Vient ensuite l’un de mes titres préférés du nouvel album : Mantra. Très inspirée par Joni Mitchell, la chanson, écrite à Los Angeles dans un guitar shop, évoque la superficialité du showbusiness et de la nécessité de rester fidèle à soi-même. La chanson fait un carton live, avec une longue partie instrumentale qui laisse à des solos de guitare, de saxophone et de trompette.
Sam Fender prend le micro pour annoncer la suite. C’est son titre préféré du premier album et le public devine rapidement de quelle chanson il s’agit. The Borders emballe le public qui s’égosille sur les paroles et devient fou pour le solo de guitare, point culminant du titre.

L’artiste revient sur le devant de la scène pour prendre quelques précautions pour le duo de chansons à venir. Il est certain qu’après la tragédie d’Astroworld, les pogos et mosh-pits sont de plus en plus surveillés et Sam Fender prend le temps d’énoncer quelques règles – si quelqu’un tombe, on s’arrête pour le relever et on continue ; si quelqu’un ne sent pas bien, on s’arrête et on l’évacue. C’est ainsi que la salle s’éteint pour prendre des tons plus rouges et sanglants. Avec une guitare dure teasant les notes de Spice, le public commence à s’écarter pour préparer les pogos et c’est au refrain que tout éclate.
Nous nous retrouvons pris dans une série de pogos sans fin où l’on se perd puis se retrouve. D’autant plus que la chanson suivante est Howdon Aldi Death Queue – et quel titre pour se bastonner !
L’audience et l’ambiance sont folles et à ce moment-là, on crie vraiment « fuck » au COVID.

Les musiciens enchaînent ensuite avec Get You Down, autre single de Seventeen Going Under. En live, il s’agit d’un des titres les plus efficaces. Un moment touchant du concert est Spit Of You – titre pour lequel l’artiste a demandé à ses fans d’envoyer des photos d’eux et de leur père pour habiller les écrans. Au-delà des visuels, la chanson en elle-même qui est un des titres les plus forts en émotion de l’album rend toute chose en concert.

Le point culminant de ce concert se passe sur le titre suivant qui n’est autre que le titre éponyme de l’album. Les premières notes de guitare très reconnaissables chauffent le public qui par la suite s’égosille à crier les paroles avec Fender. Seventeen Going Under est devenu un hymne, viral sur TikTok ces dernières semaines. La phrase spécifique « I was far too scared to hit him, but I would beat him in a heartbeat now » a résonné pour des milliers de personnes qui l’ont utilisé dans des vidéos pour témoigner de leur propre situation d’abus et de harcèlement.  

L’artiste a posté à la suite de ces deux soirs à Ally Pally la performance de SGU, vous pouvez regarder la vidéo ci-dessous. Très démonstrative de l’ambiance générale ainsi que de ce moment particulier du concert :

La setlist se termine avec Play God qui fait chanter la foule. Les musiciens sortent de scène pour l’encore et Sam Fender revient seul sur scène accompagné du chanteur de Gang of Youths pour une petite cover de I’m On Fire de Bruce. Une performance assez courte avec quelques couacs car Sam Fender et David Le’aupepe n’ont eu quelques minutes dans les toilettes pour répéter ! Elle introduit la véritable cover que l’on sait fidèle dans la setlist de Sam Fender, Dancing In The Dark du Boss toujours. Le public chante en chœur et on se prend par les épaules pour accompagner Sam. L’encore se termine avec Saturday suivi de Hypersonic Missiles qui a lancé l’artiste et ses musiciens dans cette folle aventure. Une nouvelle fois, les fans prennent part à la chanson une dernière fois et le concert se finit en apothéose avec cotillons et longs applaudissements.

Comme évoqué plus tôt, aller voir Sam Fender au Royaume-Uni est une toute autre chose qu’en France. Ici, l’artiste est un véritable héros national, connu de tous pour non seulement sa musique appréciée et acclamée mais aussi pour sa personnalité et son histoire. Ses chansons, devenues pour certaines de véritables hymnes, résonnent chez beaucoup et surtout rassemblent. Et on a terriblement besoin de ça ! 

Sam Fender sera en concert l’année prochaine au Royaume-Uni et en Europe pour une tournée d’arenas. Aussi, il sera à l’affiche d’un immense concert à Finsbury Park en juillet prochain en compagnie de Fontaines D.C., Beebadoobee et Declan McKenna entre autres. 

 

Setlist

Will We Talk
Getting Started
Dead Boys
All Is On My Side
Mantra
The Borders
Spice
Howdon Aldi Death Queue
Get You Down
Spit of You
Seventeen Going Under
Play God 

Encore:
I’m On Fire (Bruce Springsteen cover)
Dancing In The Dark (Bruce Springsteen cover)
Saturday
Hypersonic Missiles

 

Photo en couverture : Sam Fender à Ally Pally le 21 novembre dernier © Redferns. 

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