SYML est un artiste aux sonorités oscillant entre les genres. Expérimental, pop, indie, rock… Indescriptible, il mélange les instruments, pour soutenir une voix légère, et produit ainsi un mélange calme et surprenant. Rendez-vous au Point Éphémère pour sa première performance parisienne.
SYML, l’artiste
C‘est à la publication de son EP Hurt For Me que j’ai découvert cet artiste. Lui, qui avait déjà un historique musical riche, a fait partie du groupe Barcelona, orienté rock. Mais SYML, c’est donc le projet en solitaire de ce chanteur originaire de Seattle. Déchiré, ses textes font écho à des épreuves qu’il a traversées à plusieurs étapes de sa vie : adopté, il se construit aux États-Unis, pour apprendre que ses origines sont en réalité galloises. Amour, identité, réconfort et assurance sont des thèmes récurrents, soutenus par un large éventail de genres musicaux.
D‘un point de vue stylistique, sa musique est variée. Elle fait appel à des techniques éclectiques, mêlant subtilement clavier, guitare, cordes, boîtes à rythmes et effets vocaux. Mais sa musique est loin d’être monotone. Il a en effet réussi à développer, au fil de ses EP, une identité propre qui évolue, et se meut, pour transcender les genres. Allant d’une indie calme et classique, sa musique devient explosive sur certains morceaux, dont les beaux Ghosts et Clear Eyes, entre autres. De ce mélange des genres et ce travail résultent des mélodies et textes d’une sensibilité rare, intimement liées à l’historique personnel de l’artiste. Enfin, il possède un timbre vocal distinct, ainsi qu’une aisance au chant surprenante, tandis qu’il monte et descend allègrement dans les tons, soutenu par un univers sonore aérien, méticuleusement travaillé.
Rendez-vous au Point Éphémère
Arrivé au Point Éphémère, ma surprise est de taille quand je vois que la queue se forme déjà une heure avant le concert. Personnellement, après plusieurs concerts, dont le dernier en date était celui de Mini Mansions, je n’avais jamais vu ça. Pour celles et ceux qui connaissent le lieu, la file remontait jusqu’au début des quais. Après avoir rapidement discuté avec une autre personne dans la file, je me rends compte que SYML est bien plus connu que je ne l’avais imaginé, grâce à une belle place dans les algorithmes de plateformes musicales, mais aussi dans les playlists. Enfin, en première partie était annoncé Harrison Storm, que je ne connaissais pas, mais pour qui le public semblait également très enthousiaste.
Une fois dans la salle, elle est comble. Apparemment, cinq entrées devaient encore être vendues avant que le concert soit officiellement sold-out ! Armé d’une bière, je m’installe sur le côté gauche, pensant être tranquille. Mais à peine Harrison Storm arrivé sur scène que je me rends compte qu’il m’est impossible de me déplacer. Une dame enceinte, assise derrière moi, me dit « Tant pis si je ne vois pas, ce sera comme écouter Spotify. » Je file donc m’installer plus loin de la scène, quitte à avoir une visibilité moindre. Non sans peine, j’atteins les escaliers qui mènent au balcon, et décide de m’y installer, pour profiter pleinement de cette soirée.
Une première partie et un public « polis »
La première partie est assurée par Harrison Storm. Jeune artiste australien, il suit SYML en tournée. Tous deux partagent quelques points communs : ils ont la trentaine, parlent anglais, chantent à propos d’expériences personnelles… Mais leurs similarités s’arrêtent là. Tandis que SYML introduit divers instruments et effets vocaux, Harrison Storm adopte une démarche bien plus organique. C’est donc armé de sa guitare, et d’une pédale pour contrôler les percussions qu’il se livre à nous.
Le registre est très doux. Les morceaux se suivent, et bien que rythmés par des percussions, et n’invitent pas le public à se joindre en tapant des mains, en dansant ou autre. Les applaudissements sont longs, mais personne ne hurle, et personne ne se bouscule. C’est donc avec humour qu’Harrison appréhende la chose, et nous dit que nous sommes « Un public très poli« . Après quoi les vulgarités fusent, et l’ambiance se détend énormément, pour notre plus grand bien. Les chansons s’enchaînent, tandis que le public continue de se presser vers le premier rang, et qu’il devient de plus en plus difficile de se déplacer. Les couples s’enlacent, les gens se laissent inspirer par la musique romantique et empreinte de réel de l’artiste, et profitent.
Un concert entre amour et dialogues
L‘arrivée de SYML est attendue de toutes et tous. La file d’attente, et l’excitation du public à l’extinction des lumières en témoigne. Alors que sur scène trônent deux claviers, et autant de microphones, c’est dans un nuage de fumée qu’arrive SYML, pour livrer une version revisitée de son titre WDWGILY [Where Did We Go I Love You], tout d’électro et de reverb. Vient ensuite Rising Upside Down, beaucoup plus sombre, et déchirant.
S‘en suit également Fear Of The Water, un de mes morceaux préférés de l’artiste, et dont les premières notes m’ont plongé dans un état second. Un regard autour de moi me confirme cette impression : plongés dans un silence religieux, les fans sont en pleine contemplation. Et l’amour emplit la salle. Certains murmurent les paroles, tandis que d’autres se laissent porter par le flot des notes, bercés par des mélodies mi-électroniques, mi-organiques.
Néanmoins, s’il se confie tant dans ses textes, ce n’est pas aux dépens de ses prises de parole sur scène. Il est bavard, et ce trait lui a vraiment permis de briser la glace avec le public. Brian, de son vrai nom, nous invite à lui poser toutes les questions. Les premières, timides, sont lambda, voire niaises. Mais le public, autant que le chanteur, prend son aise et s’exprime. Du vin au fromage, en passant par les tournées, les goûts et couleurs, tout y passe. Même Britney ! Mais c’est surtout son honnêteté et son humour qui touchent. Il admettra ainsi avoir écrit Girl pour sa fille, qui fut lourdement hospitalisée, et dont la force et l’amour l’ont inspiré.
Une interprétation haute en couleurs
Soutenu par une scénographie riche en couleurs et en effets, le message que transmet SYML est d’une pureté à l’image de sa voix : sans pareille. L’artiste alterne ainsi allègrement entre clavier, guitare et micro. Riche d’une discographie fournie et variée, les genres qu’il interprète sont lissés pour se suivre sans réelle coupure. On a donc véritablement l’impression de plonger dans une bulle sonore où les sons nous portent, pour un voyage qui durera un peu moins d’une heure et demie, qu’il conclut avec ses singles Clean Eyes, Ghosts, une de mes préférées, Mr. Sandman, reprise des Chordettes, et enfin Where’s My Love.
Une bulle dans laquelle on a envie de se replonger encore, encore et encore. Si vous ne connaissez pas encore son univers, je vous invite à écouter son dernier EP, In My Body, que je considère être bien représentatif de l’œuvre de cet artiste, où il explore genres et effets.