Le 11 avril dernier, le trio de Nottingham London Grammar annonçait un concert très privé à la American Cathedral de Paris (8e). Adoubé par le public et la critique, le groupe a permis à quelques 200 chanceux de participer à cet évènement exceptionnel. Cela s’est passé mercredi 26 avril dernier et la rédaction y était. Récit.
En arrivant devant la American Cathedral de Paris, deux longues files attendent patiemment. Ces personnes sont très chanceuses. Elles ont réussi à avoir une place pour le concert très intime du groupe London Grammar, annoncé deux semaines avant. Hannah Reid, Dot Major et Dan Rothman viennent présenter leur deuxième album très attendu, Truth Is A Beautiful Thing, prévu pour le 9 juin. Ce n’est pas la première fois que le groupe joue dans un endroit aussi sacré. En effet, les trois musiciens ont déjà joué dans une chapelle à Londres récemment.
Dans l’église, des spots de lumière bleue plonge l’espace dans un certain rêve. Une console de mixage est installée dans le fond de l’habitacle et les bancs sont bondés. D’ailleurs, certaines personnes sont obligées de rester debout. Sur la scène où se déroulent en général les messes, se trouvent quelques instruments. Sur le côté gauche la guitare, au centre et un peu plus en arrière un piano électrique, puis sur la droite un synthétiseur, un matériel plus électronique et une batterie. Un agencement assez élaboré qui manifeste la simplicité, caractéristique de l’image du groupe. On ressent une certaine excitation parmi la foule. On sait tous que l’on va vivre une expérience hors du commun dans ce cadre exceptionnel et si atypique pour un concert, qu’est la American Cathedral.
Les lumières s’éteignent et sont accompagnées d’acclamations timides du public. Il est certain que le sacré présent à ce moment-là nous plonge dans une certaine gêne où l’on veut minimiser nos bruitages. Quelques secondes s’écoulent dans la pénombre, et nous cernons les silhouettes du groupe arriver sur la scène. Les ovations sont un peu plus vives mais restent sages. Tout est noir mais soudain, une lumière apparaît à travers la voix puissante de la chanteuse qui entame les premières vocalises de la chanson Rooting For You. A l’image du clip réalisé en one-take avec un orchestre symphonique, Hannah chante pendant quasiment 1m30 a capella. Entendre ce timbre magnifique dans un silence total donne des frissons et personne n’ose bouger. Les musiciens arrivent avec leur style aquatique et le minimalisme du trio London Grammar en ce lieu saint. Ensuite, le groupe se lance dans leur cover de Nightcall du DJ Kavinsky qui se reconnaît facilement au piano qui joue les notes électroniques de l’intro du titre populaire.
C’est une première chanson du nouvel album qui arrive, Who Am I. On observe que Dot utilise davantage de launchpad donnant un rythme plus élancé à la musique et qui rejoint des titres de leur premier opus, If You Wait. On peut également examiner un jeu de lumières à la fois élémentaire et recherché qui renforce l’expérience que le groupe et son public sont en train de vivre ensemble. Entre les chansons, Dot n’hésite pas à timidement parler français pour introduire les prochaines chansons. Hannah le rejoint, assise à un piano qu’elle va rejoindre de temps à autre selon les chansons, et ne cache pas son stress : « Je suis stressée, c’est la première fois qu’on joue nos nouvelles chansons ici ». Ils sont très attachants. Les musiciens enchaînent avec deux titres issus de l’album précédent, Flickers, et celui très attendu de tout le set, Wasting My Young Years. Le public reconnaît instinctivement la chanson qui est devenue un single planétaire et qui a propulsé le groupe sur la route du succès. Il entonne modérément quelques paroles avec la chanteuse mais veut absolument profiter du moment et écouter la beauté du son qui s’émane du trio de Nottingham. Comme énoncé précédemment, le concert se passant dans une église, nous vivons un moment singulier et manifeste de l’essence même de la musique. Le groupe nous fait découvrir Hell To The Liars, un titre qui est très apprécié du public par sa musicalité. Nous nous accordons une petite pause à travers Interlude, titre présent sur If You Wait.
C’est ensuite au tour de Oh Woman Oh Man, single annonciateur sorti le mois dernier, d’être interprété. Le public est emballé et chantonne les paroles avec Hannah. Les musiciens enchaînent une nouvelle fois avec deux titres issus de leur premier disque, Hey Now et Strong, deux singles bien connus également du public. Par ailleurs, le groupe n’hésite pas à proposer des versions inédites des titres avec des intros et breaks plus longs. London Grammar annonce ensuite que la prochaine chanson est la dernière de ce concert intime. C’est Big Picture, titre interstellaire qui englobe l’église dans une sorte de galaxie à l’image de leur clip. Sous les acclamations d’un public qui ne veut pas laisser partir le trio, celui-ci sort de scène pour faire planer un petit doute. Y aura t-il un encore ? Of course !
Hannah, Dot et Dan reviennent sur scène pour deux titres dont Truth Is A Beautiful Thing, titre éponyme de leur prochain opus qui sortira le 9 juin. Enfin, le groupe reprend le titre Metal & Dust au rythme plus élancé et durant lequel la chanteuse se prête à des vocalises à réverbération qui enchantent. Toutes les bonnes choses ont une fin et le trio sort définitivement de scène sous la chaude standing ovation du public.
Je dois vous avouer que ce concert est entré dans mon Top 3 de mes meilleurs concerts. Je n’avais jamais assisté à un concert de London Grammar (bien que j’en rêvais) et encore moins dans une église. J’ai trouvé très intéressant de proposer un concert dans une église, même si nous devons l’affirmer, que l’association de ce lieu saint au genre musical atmosphérique du trio fonctionnait à merveille. Ce fut une expérience à couper le souffle pour ce public très chanceux dont j’ai fait partie. Même si le groupe a promis de revenir très vite sur le territoire français, je vous conseille vivement de les catcher dans cette « mini tournée des églises » et aller voir ces musiciens captivants. Si vous voulez revivre un bout de ce concert d’exception, Arte Concert a filmé deux titres du set parisien du groupe, à découvrir ici !